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Appel à communications > Appel à communications
18ème Congrès International Francophone en Entrepreneuriat et PME
Appel à communication complet CIFEPME 2026 Bruxelles
Thématique générale Bâtir une recherche pour « Entre-Prendre ». C’est sans nul doute une invitation à réfléchir aux mots que nous choisissons de faire vivre dans nos deux champs de recherche, à savoir l’entrepreneuriat et les PME. Pourquoi ces mots-là ? Que signifient-ils ? Que signalent-t-ils à celles et ceux qui nous lisent et prennent part à nos conversations ?
C’est aussi s’autoriser à jouer avec ces mots, à les faire évoluer, pour faire émerger de nouveaux narratifs, et donc de nouvelles réalités. En coupant le verbe entreprendre, n’appuie-t-on pas paradoxalement sur l’idée de connexion, de mise en lien ? Comme le rappelait Anderson et ses collègues en 2012, la « connaissance est toujours progressive et cocréée dans la mesure où nous apprenons de et avec les autres ». Alors qu’allons-nous apprendre, ensemble, sur l’acte d’Entre-Prendre lors de cette édition du CIFEPME célébrant les 30 ans de notre belle association ? Il s’agit de dépasser une vision purement économique, individuelle, isolée, et fragmentée de l’entrepreneuriat et des PME. L’acte d’entreprendre s’enracine dans la société, ses organisations, ses communautés et ses individus, et il les impacte en retour de diverses manières. Mais comment ces interconnexions se produisent-elles ?
Le terme « Entre-Prendre » invite à considérer l’entrepreneuriat et les PME non pas pour ce qu’ils sont, mais pour ce qu’ils font devenir dans une toile de relations et de liens en perpétuel mouvement. Le mouvement est central dans cette ontologie du devenir (Nayak, 2008)[1]. Capturer ce mouvement nécessite de s'éloigner des seules conceptualisations en termes de taxonomies, hiérarchies, dichotomies, segmentation, étapes séquentielles qui peuvent nous aider à comprendre la réalité mais masquent également les complexités sous-jacentes (Cooper, 2005)[2]. On pourrait alors davantage s’intéresser à et documenter des « moments » qui nous révèlent une mise en tension d’un rythme, sa subversion et sa réappropriation. Cette dernière permet de créer d'autres façons de vivre le temps, d’autres relations sociales et d’autres espaces. Dans ces espaces, les règles habituelles peuvent être détournées, renversées, parodiées ou rendues absurdes (Ivanchikova, 2006)[3]. Mais quels sont les espaces et les rythmes de l’acte d’entreprendre ? Quels processus, quels types de management, quels acteurs et surtout quels évènements viennent bousculer ces éléments pour en substituer de nouveaux ?
Bâtir une recherche pour « Entre-Prendre », c’est aussi mieux saisir en quoi, pourquoi et comment l’entrepreneuriat et les PME peuvent permettre de saisir des enjeux en termes de possession, de dons et d’héritage.
Considérons d’abord la possession, et plus largement les rapports de propriété. En entrepreneuriat, la propriété – qu’elle soit capitalistique, symbolique ou collective – facilite l’action entrepreneuriale et façonne ses finalités (Zahra et al., 2010)[4]. Mais elle peut aussi nourrir des tensions : certains travaux critiques montrent comment des dispositifs entrepreneuriaux censés promouvoir l’émancipation ou adresser des injustices peuvent, paradoxalement, reproduire des logiques d’exclusion ou de domination (Cho, 2006) [5].
Considérons ensuite le don et son corollaire, le contre-don. Des enjeux éthiques relationnels se jouent dans la rencontre entre les chercheurs et les participants à leurs recherches (Tracy, 2010)[6]. Les paroles précieuses qu’offrent les participants peuvent être considérées comme un don entraînant une obligation de contre-don dans le chef du chercheur. En étudiant les dimensions éthiques et relationnelles de recherches menées auprès de réfugiés, Bélanger-Dumontier et ses collègues (2017)[7] ont souligné à quel point de telles recherches incarnaient un « processus dynamique d’échange et de réciprocité, mais aussi de réparation, d’espoir et d’autoprotection » qui « dépasse le contexte immédiat de la recherche ». Mais, quelles formes peuvent prendre ces logiques de don et de contre-don ? Et comment les intégrer dans l’écriture scientifique elle-même ? Peut-on, notamment, y voir une forme de travail sur la « positionnalité » du chercheur, à savoir une réflexion sur le point de vue situé d’où parle le chercheur et comment il est affecté par ce qu’il regarde (Brindusa Albu et al., 2024)[8] ?
Attardons-nous enfin sur la transmission. La question de l’héritage laissé à l’occasion d’une transmission intrafamiliale d’entreprise et de son rôle identitaire demeure importante (Crosina et Gartner, 2021[9] ; Radu-Lefebvre et al., 2020[10]). Et si cet héritage contenait bien plus ses destinataires qu’il ne les guidait ? Entre traces et empreintes, que reste-t-il des figures disparues ? De futurs travaux devraient permettre de mieux saisir ce tout complexe de l’héritage fait d’éléments tangibles et intangibles qui se (re)configurent perpétuellement. Plus spécifiquement, en 2024, Radu-Lefebvre et ses collègues[11] ont souligné à quel point l'héritage est fondamentalement « relationnel et intentionnel » et combien il était nécessaire de relier une vision centrée sur la figure qui transmet à une démarche qui examine comment celui ou celle qui reçoit « se souvient, remet en question, transforme, voir rejette l’héritage » au fil du temps. Transposée au processus de recherche, que nous dit cet enjeu de l’héritage ? Que laissons-nous à travers nos travaux, à qui, et pour qui ? Dans quelle mesure nos travaux sont-ils impactant et, partant, quelles dimensions recouvre la notion d’impact en recherche ?
Le défi fondamental que soulevait Kozlarek (2011)[12] reste d’actualité : Comment traduire les idées et les valeurs humanistes en pratiques quotidiennes capables de restaurer et de protéger la dignité humaine tout en générant prospérité et bien-être ? Plus spécifiquement, de futures recherches doivent continuer à explorer comment les champs de l'entrepreneuriat et de l'innovation peuvent à la fois enrichir et être enrichis par la notion de dignité (Pirson et al, 2019)[13].
Les chercheurs et chercheuses issus des communautés de recherche francophones sur la PME et l’entrepreneuriat sont invités à soumettre des propositions de communications qui pourront relever des sous-thématiques suivantes (liste non exhaustive) en veillant, dans la mesure du possible et en fonction de la thématique traitée, à mettre en avant leur articulation avec le thème général d’une recherche pour « Entre-Prendre » :
- Approches critiques en entrepreneuriat et PME ; - Approches narratives de l’entrepreneuriat et du management des PME ; - Déconstruction des discours entrepreneuriaux et managériaux ; - Ecosystèmes et sous-écosystèmes entrepreneuriaux ; - Education et accompagnement en entrepreneuriat ; - Enjeux de croissance, de gouvernance et de financement des PME ; - Enjeux éthiques, méthodologiques et épistémologique de la recherche ; - Entrepreneuriat académique ; - Entrepreneuriat durable ; - Entrepreneuriat en Afrique ; - Entrepreneuriat international, internationalisation et relocalisation des PME ; - Entrepreneuriat social ; - Etudes multi/inter/trans-disciplinaire du processus entrepreneurial ; - Gestion des risques et des crises ; - Innovation et reconfiguration durable des modèles d’affaires ; - Innovations sociales et management alternatif ; - Intrapreneuriat ; - Processus créatifs et management de l’innovation ; - Santé (au sens large) des entrepreneurs et dirigeants de PME ; - Transformation numérique responsable ; - Transmissions et reprises d’entreprises ; - …
Trois formats de soumissions sont proposés : - Communication en session générale ; - Table ronde ; - Session thématique.
Parallèlement, un consortium doctoral et des ateliers de développement professionnel sont organisés la journée précédant le congrès. [1] Nayak, A. (2008). On the way to theory: A processual approach. Organization Studies, 29, 173-190. [2] Cooper, R. (2005). Relationality. Organization Studies, 28, 1689-1710. [3] Ivanchikova, A. (2006). On Henri Lefebvre, queer temporality, and rhythm. Journal for Politics, Gender and Culture, 5, 151-169. [4] Zahra, S. A., Neubaum, D. O., & Huse, M. (2000). Entrepreneurship in medium-size companies: Exploring the effects of ownership and governance systems. Journal of management, 26(5), 947-976. [5] Cho, A. H. (2006). Politics, values and social entrepreneurship: A critical appraisal. In Social entrepreneurship, London: Palgrave Macmillan UK, 34-56. [6] Tracy, S. J. (2010). Qualitative quality: Eight “Big-Tent” criteria for excellent qualitative research. Qualitative Inquiry, 16(10), 837-851. [7] Bélanger-Dumontier, G., Vachon, M., Caldairou-Bessette, P. (2017). Entre donner, recevoir et rendre : Les dynamiques relationnelles éthiques en recherche auprès de réfugiés, La Revue québécoise de psychologie, 38(3), 125-149. [8] Albu, O., Cnossen, B., Abdallah, C. (2024). Positionings: toward a relational understanding of representation and writing in organizational communication research. In B. H. Brummans, B. C. Taylor, A. Sivunen (Eds.), Positionings: Toward a relational understanding of representation and writing in organizational communication research, Sage Publications Ltd. [9] Crosina, E., & Gartner, W. B. (2021). Managing legacy, achievement and identity in entrepreneurial families. In Family entrepreneurship: Insights from leading experts on successful multi-generational entrepreneurial families, Cham: Springer International Publishing, 35-47. [10] Radu-Lefebvre, M., Lefebvre, V., Clarke, J., & Gartner, W. B. (2020). Entrepreneurial legacy: How narratives of the past, present and future affect entrepreneurship. In A Research Agenda for Family Business A Way Ahead for the Field, Edward Elgar Publishing, 73-85. [11] Radu-Lefebvre, M., Davis, J. H., & Gartner, W. B. (2024). Legacy in Family Business: A Systematic Literature Review and Future Research Agenda. Family Business Review, 37(1), 18-59. [12] Kozlarek, O. (2011). Towards a humanist turn. The UNESCO courier, 64(4), 16-20. [13] Pirson, M., Vázquez-Maguirre, M., Corus, C., Steckler, E., Wicks, A. (2019). Dignity and the Process of Social Innovation: Lessons from Social Entrepreneurship and Transformative Services for Humanistic Management. Humanistic Management Journal, 4, 125-153. |
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